Dialogue politique et médiation internationale en RDC. Un projet mort-né de prévention de la crise politique ?

Par Adolphe Agenonga Chober

RÉSUMÉ:
Le dialogue politique convoqué par le Président de la République Démocratique du Congo (RDC) appuyé par la facilitation internationale ne semble pas offrir un gage pour l’alternance politique apaisée au sommet de l’Etat dans le cadre constitutionnel en vue d’éviter une crise politique dont les risques sont, pourtant, imminents. Les discours politiques diamétralement divergents entre les parties prenantes sur les modalités de l’alternance politique et le processus électoral démontrent, de manière convaincante, que ces tractations n’auront que peu de chance à dégager l’horizon politique qui ne cesse de s’assombrir.

Cette note d’analyse interroge non seulement l’intention et les motivations cachées derrière la convocation de cette table ronde politique mais aussi celles justifiant l’atermoiement de certains acteurs, notamment, ceux de la société civile et de l’opposition de capter cette opportunité pour en faire un instrument de l’alternance politique.

Par ailleurs, cette réflexion se préoccupe de clarifier la place et les enjeux de la médiation africaine et du groupe de soutien international dans la conduite de ce dialogue. Enfin, les facteurs qui amenuisent l’espoir d’une alternance apaisée à travers ce dialogue assortis des pistes de solutions constituent le dernier volet de notre analyse.

PROBLÉMATIQUE:
Pourquoi la majorité présidentielle fait-elle du dialogue un préalable à la tenue des élections en lieu et place de la Constitution ?
Pourquoi la classe politique est-elle divisée sur les enjeux dudit dialogue ?
Quels sont les enjeux de la médiation et de la facilitation internationale ?
Ce dialogue présente-t-il la chance de désamorcer la crise politique dans laquelle la RDC risque de plonger en cas de non tenue des élections dans le délai constitutionnel ?
Quels sont les facteurs qui entravent la tenue et la réussite de ce pourparler ?
Comment parvenir à une alternance politique apaisée au sommet de l’Etat pour, ainsi, préserver l’intérêt national ?
Ces questions tenteront de trouver des explications dans cette note qui consacre des pans entiers de son analyse sur les différents points susmentionnés.

CONTEXTE DE LA NOTE:
Pendant que la communauté internationale et, de manière singulière, l’opposition congolaise, la société civile et une partie de la majorité au pouvoir nourrissaient l’espoir d’une alternance politique au sommet de l’Etat prévue par les dispositions constitutionnelles, les caciques de la majorité au pouvoir ont démontré qu’il s’agissait, éperdument, d’un leurre. Des arguments, certes, farfelus qui ressortent de cette plateforme, attribuent à la non tenue des élections dans le cadre constitutionnel, une panoplie des contraintes pouvant repousser, sine die, la tenue des élections présidentielle et législatives.

Entre-temps, le Président de la République, arrivé à la fin de son mandat constitutionnel est appelé à rendre le tablier à son successeur qui, logiquement, doit provenir des urnes. Pour éviter qu’une crise s’installe du fait de la non tenue des élections présidentielle et législatives, le Président de la République a signé, en novembre 2015, une ordonnance convoquant un dialogue politique national bénéficiant de la médiation panafricaine appuyée par un groupe de soutien international.

Nonobstant le concours international dans la conduite de ce dialogue à l’égard des acteurs politiques, la participation ne fait, pourtant, pas l’unanimité. Après le lancement de la phase préparatoire dudit dialogue le 23 août 2016 à l’hôtel Béatrice, suivi du début de la table ronde le 1er septembre 2016 à la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa, le diagnostic demeure sévère : les figures emblématiques de l’opposition manquent à l’appel. Par conséquent, ce processus s’enlise dans la mesure où son caractère voulu inclusif a perdu sa lettre de noblesse.

IDÉES MAJEURES:
– Le Président congolais a convoqué un dialogue politique en vue d’amener la classe politique à un consensus autour du processus électoral ;
– Malgré la mobilisation de la médiation panafricaine et de la facilitation internationale, la démarche piétine ;
– Entre-temps, le processus électoral reste au point mort alors que le Président de la République n’est qu’à quelques jours d’un mandat qu’il ne peut renouveler.

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