Le mercenariat en RD Congo (1960-1997): Une approche explicative

Par Rose Amen Kouame | Doctorante en Histoire.

Clovis Cornillac (Bob DÈnard)

Introduction:

Les mercenaires ont Ă©tĂ© de tous les temps et de tous les conflits armĂ©s Ă  travers le monde et cela depuis des siĂšcles ; tantĂŽt appelĂ©s ‟soldats de fortune” tantĂŽt ‟chiens de guerre”.  Aujourd’hui, les mercenaires sont prĂ©sents dans  la plupart des conflits armĂ©s qui se dĂ©roulent dans le monde, malgrĂ© les efforts dĂ©ployĂ©s de nombreuses annĂ©es, la communautĂ© internationale pour Ă©radiquer ce phĂ©nomĂšne. L’Afrique, avec ses guerres Ă  rĂ©pĂ©tition et de tous ordres,  demeure un des terrains de prĂ©dilection du mercenariat.

La RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo se prĂ©sente Ă  son tour comme u un «laboratoire » du phĂ©nomĂšne mercenaire en Afrique. C’est ce titre peu envieux d’espace privilĂ©giĂ© de l’action mercenaire qui est Ă  l’origine de l’abondante littĂ©rature sur  les ‟ hauts faits d’armes” des mercenaires dans les diffĂ©rents conflits internes que la RDC a connus depuis l’indĂ©pendance. Pour abondante qu’elle soit, cette littĂ©rature n’a pas pour centre d’intĂ©rĂȘt les facteurs explicatifs du phĂ©nomĂšne mercenaire en RDC, de ses dĂ©buts Ă  sa consolidation. Elle en est rĂ©duite le plus souvent Ă  survoler ces facteurs. Les causes avancĂ©es pour expliquer le phĂ©nomĂšne sont souvent insuffisantes. Cet article n’a pas pour ambition de faire une Ă©tude approfondie sur la question, mais d’apporter des Ă©lĂ©ments qui puissent ouvrir le champ Ă  des Ă©tudes plus poussĂ©es sur cet aspect du mercenariat au Congo.

Le mercenaire est, selon le Dictionnaire de la langue française, «toute  personne recrutĂ©e pour combattre dans un conflit armĂ©, bĂ©nĂ©ficiant d’avantages matĂ©riels supĂ©rieurs Ă  ceux des combattants habituels et n’étant pas ressortissant d’une partie au conflit». Le dictionnaire du droit international des conflits armĂ©s le dĂ©finit comme, « tout homme ou individu de quelque nationalitĂ© qui s’enrĂŽle volontairement dans les forces armĂ©es combattantes d’un État ou d’une partie au conflit, d’un État dont il n’est pas ressortissant».

De nombreuses conventions ont dĂ©fini le mercenaire ; l’innovation en la matiĂšre est l’article 47 du Protocole additionnel aux conventions de GenĂšve de 1977. Dans cet article, le mercenaire est dĂ©fini comme, « toute personne

« a) qui est spĂ©cialement recrutĂ©e dans le pays ou Ă  l’étranger pour combattre dans un conflit armĂ© ;

b) qui en fait prend une part directe aux hostilités ;

c) qui prend part aux hostilitĂ©s essentiellement en vue d’obtenir un avantage personnel et Ă  laquelle est effectivement promise, par une partie au conflit ou en son nom, une rĂ©munĂ©ration matĂ©rielle nettement supĂ©rieure Ă  celle qui est promise ou payĂ©e Ă  des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armĂ©es de cette partie ;

d) qui n’est ni ressortissant d’une partie au conflit ni rĂ©sident du territoire contrĂŽlĂ© par une partie au conflit ;

e) qui n’est pas membre des forces armĂ©es d’une partie au conflit ; et

f) qui n’a pas Ă©tĂ© envoyĂ©e pour un État autre qu’une partie au conflit en mission officielle en tant que membre des armĂ©es dudit État».

Nombreuses sont  les conventions et rĂ©solutions qui ont suivi,mais, toutes ont repris l’essentiel de cette dĂ©finition qui contient Ă  notre humble avis quelques failles.

Parmi celles-ci, nous pouvons citer les critĂšres comme: le fait d’ĂȘtre recruté    pour prendre part Ă  des combats, la nationalitĂ©, le lieu de rĂ©sidence etc. Aujourd’hui, les notions de nationalitĂ© et de rĂ©sidence sont occultĂ©es par l’évolution du mercenariat. Avec les SociĂ©tĂ©s militaires privĂ©es (SMP), cet aspect ne devrait plus ĂȘtre un moyen d’identification. Les SMP emploient des personnes de tout horizon et de toute nationalitĂ©. Les «chiens de guerre» peuvent ĂȘtre des combattants locaux, des paysans, des soldats Ă  la retraite etc., recrutĂ©s Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du pays dans le but de mener des activitĂ©s mercenaires. Ainsi, bien qu’ils ne soient pas des Ă©trangers, ils n’en demeurent pas moins des mercenaires. Avant, on entendait par mercenaire, le « blanc » venu se battre en Afrique dans le but d’un profit personnel. Mais, aujourd’hui, force est de reconnaĂźtre que les mercenaires sont autant europĂ©ens qu’africains. La fourniture en mercenaires des SMP est en majoritĂ© assurĂ©e par les ressortissants africains. En exemple, la sociĂ©tĂ© ExĂ©cutive Outcomes, qui lors de son opĂ©ration en Sierra LĂ©one, a procĂ©dĂ© Ă  un recrutement massif sur place afin de renforcer ses troupes.

Ainsi de ce qui prĂ©cĂšde, nous dĂ©finissons le mercenaire comme tout individu « qui offre ses services dans le but de recevoir un salaire. Il peut ĂȘtre engagĂ© dans les forces armĂ©es d’une partie recrutĂ©e dans le but de mener des actes de violence contre un Etat. Il est soit Ă©tranger du pays contre lequel ses activitĂ©s sont dirigĂ©es, soit ressortissant du pays. Dans ce cas, il devient mercenaire s’il ;

a-     n’est pas un ressortissant de l’État,

b-      n’est pas un soldat rĂ©serviste,

c-      ne fait pas partie des forces armées nationales et

d-      n’a pas Ă©tĂ© envoyĂ© en mission de dĂ©fense.

Cela concernerait donc uniquement tous ceux qui s’engagent aux cĂŽtĂ©s des forces armĂ©es nationales de l’État dans le but de tirer un profit salarial de la situation de conflit du pays ».

Ce sont  ces acteurs hors norme qui,  Ă  partir de l’automne 1960, dĂ©ferlent sur le jeune État indĂ©pendant du Congo et qui  vont longtemps faire parler d’eux dans ce pays en proie Ă  la violence. Le Congo devient ainsi une plaque tournante du mercenariat en Afrique et, bien plus encore, un cas typique du phĂ©nomĂšne en Afrique francophone.

Plusieurs facteurs sont à la base de l’implantation mercenaire au Congo. Ce sont les facteurs endogùnes (I) et exogùnes (II) qui participent de l’explication de l’expansion mercenaire au Congo.

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Comment 1

  • Netton Prince TAWA2 dĂ©cembre 2013 at 7 h 51 min

    TrĂšs bel article qui fait une lumiĂšre exhaustive sur un phĂ©nomĂšne qui dĂ©truit l’Afrique au seuls bĂ©nĂ©fices de ses commanditaire.
    FĂ©licitations et encouragements Ă  l’auteure.

    Prince Netton

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