Pour penser le (re)positionnement des jeunes ruraux: Le décentrement

Noël Kouassi

RÉSUMÉ:
Cette note est une tentative de compréhension de l’engagement des jeunes dans la gouvernance locale du département de Bettié à l’Est de la Côte d’Ivoire. Elle s’appuie sur des moments politiques, marqués par des contestations de l’autorité des chefs coutumiers et par la remise en cause du prestige social des cadres et des élites urbaines par des jeunes planteurs. En nous positionnant du côté de ces derniers, nous cherchons à comprendre comment ils franchissent les barrières sociales et politiques qui structurent leurs positions dans les espaces politiques observés. Nous plaçons au cœur de notre analyse le décentrement qui nous engage à suspendre le jugement en refusant le rapprochement entre la jeunesse actuelle et celle des décennies antérieures.

PROBLÉMATIQUE:
Comment comprendre le changement de la perception des jeunes et plus spécifiquement de leur engagement de plus en plus régulier dans la gouvernance locale ?
Pourquoi le prestige de l’âge et du titre académique cesse-t-il d’apparaitre comme « normal » avec la revendication d’une participation politique autonome des jeunes planteurs ?

CONTEXTE DE LA NOTE:
Les sites d’enquête sont des zones de production de café et de cacao, engagées depuis le milieu de la décennie 1990 dans un processus d’appropriation de l’hévéaculture et confrontées à une contestation de leur système politique par les jeunes planteurs. L’appropriation de l’hévéaculture par les producteurs a pour conséquence la marginalisation des cultures vivrières, anciennement associées aux cultures du café et du cacao et le retrait des jeunes du système de production agricole familiale. Ils s’engagent dans la création de plantations individuelles, parfois même en dehors du patrimoine foncier familial.
Par ailleurs, dans chaque village, une crise politique interne à la communauté agni, ethnie en situation d’autochtonie locale, entraine des interactions régulièrement conflictuelles. Celle-ci est particulièrement aiguë à Bettié où des tensions assez fortes opposent des familles en compétition, et les configurations politiques construites autour de cet enjeu politique.

IDÉES MAJEURES:
Les différentes situations d’agir qui fondent ce texte suggèrent que les formes de participation juvénile actuelle s’inscrivent dans une rupture avec les positions sociales héritées de l’appartenance ethnique et de la hiérarchie sociale en vigueur dans les espaces politiques d’investissement.
Les différents engagements politiques des jeunes nous renvoient aux imaginaires de la participation juvénile comme protestation et comme positionnement politique autonome.
Ces différentes situations d’agir se construisent par une distanciation des identités ethniques et des identités partisanes organisées

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