Politiques de l’inimitié (Part. 2) | Achille Mbembe

Achille Mbembe est professeur d’histoire et de sciences politiques à l’Université du Witwatersrand de Johannesburg en Afrique du Sud.

Fondateur de « The Johannesburg Workshop in Theory and Criticism » (qui est une expérience de conversation mondiale sur les enjeux globaux à partir de l’hémisphère Sud), Achille Mbembe est mondialement reconnu pour ses recherches sur les imaginaires politiques des sociétés postcoloniales africaines.
Il est l’auteur de De la Postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine (2001), Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée(2010), Critique de la Raison Nègre (2013) et Politiques de l’inimitié (2016).

Achille Mbembe s’est entretenu avec Thinking Africa autour du contenu et des idées exposées dans son dernier livre Politiques de l’inimitié, à l’occasion des Ateliers de la pensée, à Dakar en octobre 2016. Dans cette deuxième partie de l’entretien, Achille Mbembe revient sur la question des successions à la tête des Etats Africains.

Quelques verbatims extraits de l’interview

Sur la transmission de pouvoir en Afrique

Il y a quelque chose dans les dynamiques sociales, culturelles, religieuses, politiques, économiques en Afrique, dans le temps long, qui fait que nous ne sommes pas parvenus à inventer des mécanismes de transmission pacifique du pouvoir. Et le moment de la transmission, de la transition, de la succession au pouvoir a souvent été le signal de la dissolution, des empires et des Etats, a toujours donné lieu, dans la plupart des cas, à ce fléau qu’est la guerre civile. Quand une communauté se divise contre elle-même… Si nous voulons aller de l’avant, il faudra que nous résolvions ce nœud gordien.

Sur les élections en Afrique

Le drame contemporain est que les élections sont devenus un grand moment de dramatisation de cette incapacité à rendre le pouvoir impersonnel et de manière pacifique, sans violence. Et on ne compte plus le nombre de cas où elles ont conduit au bord du précipice.