Dr. Cheikh Guèye est coordinateur de la Plateforme Stratégique Commune chez Enda Tiers Monde.
Géographe de formation, Dr. Cheikh Gueye, s’intéresse à l’articulation entre l’espaces et l’identité, notamment dans la ville de Touba. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il revient sur les objectifs de cette initiative de production d’un rapport alternatif sur l’Afrique.
Quelques verbatims extraits de l’entretien.Sur la prospective
Fondamentalement ce qui manque à notre continent, ce sont des capacités de se projeter de manière souveraine vers l’avenir que nous souhaitons voir advenir. Une des faiblesses africaines, c’est la prospective.
Sur les discours sur l’Afrique
L’Afrique est souvent victime de systèmes de pensée qui influencent beaucoup sa propre pensée sur elle-même et ses stratégies. Quand les rapports internationaux sur l’Afrique sortent, ils sont saisis par nos gouvernants et intellectuels, et cela influe les réponses qu’ils peuvent donner à ces rapports, en termes de stratégies et de politiques, pour s’adapter ou gagner au niveau des classements de ces différents rapports. […] Nous sommes sur-déterminés par les discours extérieurs. Nous avons une démarche de décolonisation mentale à mener.
Sur l’enjeu du RASA
Les rapports qui sont faits sur l’Afrique sont orientés idéologiquement. Ils proviennent d’institutions internationales qui produisent des discours attachés au système hégémonique international défini par le FMI et la Banque Mondiale. Et c’est l’une des difficultés de notre rapport. Notre rapport ne vient pas contre ces institutions. Ce qu’il veut, c’est diversifier les indicateurs à partir desquels on peut lire les évolutions du continent pour mieux les saisir, donner une meilleure image de l’Afrique et des africains parce qu’on les mesure mieux et développer une meilleure confiance en soi des africains.
Le RASA (Rapport Alternatif sur l’Afrique) est un grand défi, un défi énorme en termes techniques, idéologiques mais aussi financiers parce que les bailleurs de fonds pour financer ce type de rapports ne courent pas les rues.
Le RASA (Rapport Alternatif sur l’Afrique) est un grand défi, un défi énorme en termes techniques, idéologiques mais aussi financiers parce que les bailleurs de fonds pour financer ce type de rapports ne courent pas les rues.
Sur la production de savoirs
La production du savoir, c’est la clé pour exister dans ce monde. C’est au niveau du savoir que se situe la compétition dans le monde essentiellement. Quand on parle du savoir, on ne parle pas uniquement du savoir technologique, on ne parle pas uniquement de la capacité à créer des avions, par exemple. On parle aussi de notre manière de vivre, on parle aussi de nos dimensions culturelles et spirituelles. Et sur ces plans, nous, africains, avons beaucoup de potentialités et beaucoup à apporter au reste du monde.