Enseignement supérieur et recherche scientifique en Afrique francophone

Par Kadijatou Marou Sama

RÉSUMÉ:
Cet article met en exergue les conséquences des politiques internationales d’austérité imposées dans les années 1990s à de nombreux gouvernements africains par les institutions financières internationales et organismes de développement. Cette réflexion s’appuie en particulier sur l’exemple des Programmes d’ajustement structurel (PAS) dont l’agenda d’austérité a durablement affecté les institutions académiques et de recherche africaines. A partir de l’expérience du Niger, ce texte apporte également un éclairage sur les influences des syndicats et instances africaines d’évaluation des chercheurs sur la dynamique de recherche et les carrières des enseignants-chercheurs en Afrique francophone, mais aussi, le rôle que jouent les bailleurs de fonds internationaux dans le fonctionnement et dysfonctionnement des institutions académiques et de recherche dans des pays les moins avancés comme le Niger.

CONTEXTE:
Cet article s’inscrit dans un contexte africain marqué par la mobilisation des chercheurs pour amener les Etats africains à prendre conscience de l’importance de la recherche scientifique dans le développement du continent, et le retour de l’aide internationale consacrée à l’enseignement supérieur reconnu utile pour le développement.

PROBLÉMATIQUE:
– En quoi les Programmes d’ajustement structurel ont-ils influencé les institutions de recherche africaines ?
– Quels sont les apports des organisations syndicales et des instances d’évaluation des chercheurs sur les processus d’évolution des carrières dans le domaine académique et de la recherche en Afrique francophone ?
– Quel est le rôle des agences internationales de développement et autres organismes de financements externes dans le (dys) fonctionnement des institutions de recherche et d’enseignement supérieur en Afrique francophone ?

IDEES MAJEURES :
– Les Programmes d’ajustement structurel imposés par les agences financières internationales et d’aide au développement aux pays africains ont précipité les institutions académiques et de recherche africaines dans une crise profonde de crédibilité, d’autonomie et de manque d’efficacité.
– Grâce aux effets des luttes syndicales menées par des corporations de chercheurs et d’universitaires, certains Etats africains recommencent à investir d’une part dans le renforcement de leurs offres universitaires et capacités de recherche, et d’autre part, dans l’amélioration des conditions de travail des chercheurs et enseignants-chercheurs.
– Le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), instance d’évaluation des chercheurs et enseignants-chercheurs africains joue un rôle décisif dans le processus de changement de grades et d’évolution des carrières.
– Depuis la fin des années 1990s, les chercheurs et universitaires africains sont extrêmement dépendants des financements extérieurs (bailleurs de fonds internationaux, organismes privés, coopérations universitaires), ce qui les amène à travailler sur des sujets qui ne sont pas forcément en lien avec les priorités africaines de recherche.

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