La coopération au développement coréano-congolaise à l’aune des objectifs du millénaire pour le développement

Pacifique Hippolyte Luabeya | Doctorant en droit international

INTRODUCTION
Pendant plusieurs décennies, la coopération internationale s’est surtout réalisée dans un cadre vertical. Avant l’adoption, en 1978, du plan d’action de Buenos Aires pour la promotion et la mise en œuvre de la coopération technique entre pays en développement, elle concernait principalement les relations entre les pays du Nord industrialisés et les pays du Sud sous-développés . Ce plan fut la première étape formelle de promotion d’une coopération, complémentaire au transfert de technologie Nord-Sud, jusque-là privilégié par le monde développé . Les critiques suscitées par la coopération verticale, notamment le clientélisme et son caractère impérialiste, ainsi que la montée en puissance sur le plan économique de certains pays du Sud (La Chine, la Corée du sud, le Brésil, l’Inde etc…) ont contribué à l’accélération de la coopération Sud-Sud.

Un rapport du Conseil économique et social des Nations-Unies souligne ainsi que « l’essor économique rapide et soutenu dans bon nombre de pays en développement, leur relèvement plus rapide à la suite de la crise économique mondiale et la sensibilisation croissante à l’importance de leur rôle dans l’économie mondiale ont entraîné une progression de 63 % dans la coopération Sud-Sud au service du développement de 2006 à 2008, principalement du fait des fortes augmentations des flux en provenance de Chine et d’Arabie saoudite. »

La conférence de haut niveau des Nations-Unies de 2009 sur la coopération Sud-Sud organisée à l’occasion du trentième anniversaire de l’adoption du Plan d’action de Buenos Aires insiste également sur l’apport de la coopération Sud-Sud pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement . Ces derniers deviennent donc un cadre de référence de la coopération au développement.

L’on présume ainsi souvent que la coopération Sud-Sud se baserait sur des principes de solidarité plus que sur le clientélisme. Le Programme d’action d’Accra (PAA) du 3e Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide de 2008 affirme que la coopération Sud-Sud garantit le respect de sacro-saints principes de la Charte des Nations-Unies tels que la non-ingérence et l’égalité souveraine. Elle est, toutefois, un précieux complément à la Coopération Nord-Sud.

Plusieurs accords de coopération sont aujourd’hui signés par les pays du Sud. Ils peuvent s’avérer bénéfiques au développement (lorsqu’ils rentrent dans la ligne de leurs stratégies nationales et de leurs priorités), notamment en ce qui concerne la coopération avec d’autres acteurs comme les organisations de la société civile, les universités ou les médias .

C’est dans ce cadre que s’inscrit la coopération au développement entre la Corée du Sud et la République Démocratique Congo (RDC) . Du 7 au 8 juillet 2011, les gouvernements congolais et sud-coréen ont signé, à Kinshasa, quatre accords de coopération en présence du président Joseph Kabila et de son homologue Lee Myung-bak en visite d’Etat de deux jours (7-8 juillet 2011) . Deux principaux accords bilatéraux composent ces accords: le premier s’inscrit dans le domaine de la coopération économique et technique, l’autre est relatif au prêt EDCF (Fonds de coopération pour le développement économique). Il s’agit de l’Accord de coopération économique et technique entre le Gouvernement de la République de Corée et le Gouvernement de la République Démocratique du Congo de juillet 2011 et l’Accord entre le Gouvernement de la République de Corée et le Gouvernement de la République Démocratique du Congo concernant le prêt d’EDCF de juillet 2011 .

Il sied de relever que les deux États ont eu à signer, en 2010, deux protocoles d’accord portant sur une aide à la RDC en équipements médicaux et sur l’exploitation minière concédée à un consortium sud-coréen.

Cette situation soulève les questions suivantes :
– Quels mécanismes de coopération sont-ils utilisés dans le cadre de la coopération coréano-congolaise pour atteindre les OMD ?
-Quels sont les apports et les limites de cette coopération ?
– En quoi consiste sa singularité par rapport aux précédentes coopérations?

La réflexion est menée dans un cadre de référence théorique axé sur l’école ou le courant critique . A travers ce courant, il sera confronté la réalité de la pratique de la coopération au développement au modèle idéal défini par les États et présenté succinctement ci-haut . C’est ici l’occasion de vérifier la thèse de Charles CHAUMONT selon laquelle « les relations internationales, avec tous leurs éléments concrets, sont des données qui constituent le support existentiel du droit international. C’est à partir de ce support que se forme, par l’effet de la volonté des Etats, la règle de droit . »

Ainsi dit, il est donc nécessaire d’analyser en abysse un autre aspect du modèle idéal de la coopération au développement défini par les Etats à savoir la réalisation des OMD.

 

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