La rébellion casamançaise ou le conflit sinusoïdal au Sénégal

Par Fatou Ndiaye Sadji

RÉSUMÉ:
Cette note a pour objectif de donner une vision actualisée du conflit casamançais, plus vieux conflit d’Afrique qui dure depuis 37 ans. A travers celle-ci il y a aussi la volonté d’énoncer quelques pistes de réflexion sur les possibles raisons du maintien du statut quo casamançais et la position de l’Etat sénégalais quant à la résolution de ce conflit qualifié de basse intensité.
Mouvement désormais essoufflé, défavorisé par le contexte géopolitique actuel, en perte de soutien interne et externe, en plus d’être fragilisé par le vieillissement de ses leaders, il sera question d’essayer de trouver ce qui pourrait lui porter le coup fatal ou à contrario le remettre sur pied voire renouveler ses objectifs.

CONTEXTE:
Cette note s’insère dans un contexte politique marqué par l’intervention de plusieurs organisations de la société civile qui soulignent l’urgence pour l’Etat et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) de se parler afin « d’éteindre les signaux rouges » menaçant l’accalmie dans la région sud du Sénégal. En effet certains événements problématiques se produisant dans le Sud du pays doivent retenir notre attention. La culture du chanvre indien se développe dans des zones de non droit, les litiges sur l’exploitation du zircon sont à soulever ainsi Salif Sadio critique les négociations qui piétinent et menace de reprendre les armes entre autres. Bien que le rapport de force ait changé en faveur de l’armée sénégalaise et que l’alternance en Gambie ait aussi été favorable à l’Etat du Sénégal, le MFDC n’a toujours pas été neutralisé. Ce conflit reste diffus et à caractère asymétrique pour reprendre les propos de Nouha Cissé, historien et observateur du conflit en Casamance.

PROBLEMATIQUES:
Comment un tel mouvement a pu naître sur le territoire sénégalais ?
Pourquoi perdure-t-il et où en est-il aujourd’hui ?
Une issue satisfaisant les deux parties est-il envisageable dans un proche avenir ?

IDEES MAJEURES :
– La mise en avant d’un particularisme casamançais et donc la différenciation de la Casamance du reste d’un Sénégal « sahélien » a forgé le MFDC.
– Le MFDC était à ses débuts un mouvement politique régionaliste.
– D’un sentiment de vide politique déclenché par des problèmes fonciers auxquels l’Etat n’a pas su répondre a émergé le discours anti- « nordiste ».
– Le sentiment de colère, d’exclusion et d’exploitation ressenti par la population a permis son enrôlement dans ce mouvement.
– Le mouvement est essoufflé par sa durée et est plus que jamais affaibli.
– L’alternance en Gambie est en faveur de l’Etat du Sénégal.
– Le dialogue entre les différents protagonistes traîne tant en longueur à cause de la division au sein même du mouvement et de l’absence de concessions entre l’Etat et le mouvement.
– L’Etat sénégalais a su prendre l’avantage et jouer dans les divisions au sein du mouvement pour l’affaiblir en son sein mais n’a pas encore réussi à l’anéantir.
– Le statut quo et cette situation de ni paix ni guerre peut être considéré une stratégie d’Etat.
– L’Etat tente la paix par le développement.

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