Par Rose Amen Kouame | Doctorante en Histoire.
Introduction:
Les mercenaires ont Ă©tĂ© de tous les temps et de tous les conflits armĂ©s Ă travers le monde et cela depuis des siĂšcles ; tantĂŽt appelĂ©s âsoldats de fortuneâ tantĂŽt âchiens de guerreâ. Aujourdâhui, les mercenaires sont prĂ©sents dans la plupart des conflits armĂ©s qui se dĂ©roulent dans le monde, malgrĂ© les efforts dĂ©ployĂ©s de nombreuses annĂ©es, la communautĂ© internationale pour Ă©radiquer ce phĂ©nomĂšne. LâAfrique, avec ses guerres Ă rĂ©pĂ©tition et de tous ordres, demeure un des terrains de prĂ©dilection du mercenariat.
La RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo se prĂ©sente Ă son tour comme u un «laboratoire » du phĂ©nomĂšne mercenaire en Afrique. Câest ce titre peu envieux dâespace privilĂ©giĂ© de lâaction mercenaire qui est Ă lâorigine de lâabondante littĂ©rature sur les â hauts faits dâarmesâ des mercenaires dans les diffĂ©rents conflits internes que la RDC a connus depuis lâindĂ©pendance. Pour abondante quâelle soit, cette littĂ©rature nâa pas pour centre dâintĂ©rĂȘt les facteurs explicatifs du phĂ©nomĂšne mercenaire en RDC, de ses dĂ©buts Ă sa consolidation. Elle en est rĂ©duite le plus souvent Ă survoler ces facteurs. Les causes avancĂ©es pour expliquer le phĂ©nomĂšne sont souvent insuffisantes. Cet article nâa pas pour ambition de faire une Ă©tude approfondie sur la question, mais dâapporter des Ă©lĂ©ments qui puissent ouvrir le champ Ă des Ă©tudes plus poussĂ©es sur cet aspect du mercenariat au Congo.
Le mercenaire est, selon le Dictionnaire de la langue française, «toute  personne recrutĂ©e pour combattre dans un conflit armĂ©, bĂ©nĂ©ficiant dâavantages matĂ©riels supĂ©rieurs Ă ceux des combattants habituels et nâĂ©tant pas ressortissant dâune partie au conflit». Le dictionnaire du droit international des conflits armĂ©s le dĂ©finit comme, « tout homme ou individu de quelque nationalitĂ© qui sâenrĂŽle volontairement dans les forces armĂ©es combattantes dâun Ătat ou dâune partie au conflit, dâun Ătat dont il nâest pas ressortissant».
De nombreuses conventions ont dĂ©fini le mercenaire ; lâinnovation en la matiĂšre est lâarticle 47 du Protocole additionnel aux conventions de GenĂšve de 1977. Dans cet article, le mercenaire est dĂ©fini comme, « toute personne
« a) qui est spĂ©cialement recrutĂ©e dans le pays ou Ă lâĂ©tranger pour combattre dans un conflit armĂ© ;
b) qui en fait prend une part directe aux hostilités ;
c) qui prend part aux hostilitĂ©s essentiellement en vue dâobtenir un avantage personnel et Ă laquelle est effectivement promise, par une partie au conflit ou en son nom, une rĂ©munĂ©ration matĂ©rielle nettement supĂ©rieure Ă celle qui est promise ou payĂ©e Ă des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armĂ©es de cette partie ;
d) qui nâest ni ressortissant dâune partie au conflit ni rĂ©sident du territoire contrĂŽlĂ© par une partie au conflit ;
e) qui nâest pas membre des forces armĂ©es dâune partie au conflit ; et
f) qui nâa pas Ă©tĂ© envoyĂ©e pour un Ătat autre quâune partie au conflit en mission officielle en tant que membre des armĂ©es dudit Ătat».
Nombreuses sont les conventions et rĂ©solutions qui ont suivi,mais, toutes ont repris lâessentiel de cette dĂ©finition qui contient Ă notre humble avis quelques failles.
Parmi celles-ci, nous pouvons citer les critĂšres comme: le fait dâĂȘtre recrutĂ©Â Â Â pour prendre part Ă des combats, la nationalitĂ©, le lieu de rĂ©sidence etc. Aujourdâhui, les notions de nationalitĂ© et de rĂ©sidence sont occultĂ©es par lâĂ©volution du mercenariat. Avec les SociĂ©tĂ©s militaires privĂ©es (SMP), cet aspect ne devrait plus ĂȘtre un moyen dâidentification. Les SMP emploient des personnes de tout horizon et de toute nationalitĂ©. Les «chiens de guerre» peuvent ĂȘtre des combattants locaux, des paysans, des soldats Ă la retraite etc., recrutĂ©s Ă lâintĂ©rieur mĂȘme du pays dans le but de mener des activitĂ©s mercenaires. Ainsi, bien quâils ne soient pas des Ă©trangers, ils nâen demeurent pas moins des mercenaires. Avant, on entendait par mercenaire, le « blanc » venu se battre en Afrique dans le but dâun profit personnel. Mais, aujourdâhui, force est de reconnaĂźtre que les mercenaires sont autant europĂ©ens quâafricains. La fourniture en mercenaires des SMP est en majoritĂ© assurĂ©e par les ressortissants africains. En exemple, la sociĂ©tĂ© ExĂ©cutive Outcomes, qui lors de son opĂ©ration en Sierra LĂ©one, a procĂ©dĂ© Ă un recrutement massif sur place afin de renforcer ses troupes.
Ainsi de ce qui prĂ©cĂšde, nous dĂ©finissons le mercenaire comme tout individu « qui offre ses services dans le but de recevoir un salaire. Il peut ĂȘtre engagĂ© dans les forces armĂ©es dâune partie recrutĂ©e dans le but de mener des actes de violence contre un Etat. Il est soit Ă©tranger du pays contre lequel ses activitĂ©s sont dirigĂ©es, soit ressortissant du pays. Dans ce cas, il devient mercenaire sâil ;
a-    nâest pas un ressortissant de lâĂtat,
b-     nâest pas un soldat rĂ©serviste,
c-     ne fait pas partie des forces armées nationales et
d-     nâa pas Ă©tĂ© envoyĂ© en mission de dĂ©fense.
Cela concernerait donc uniquement tous ceux qui sâengagent aux cĂŽtĂ©s des forces armĂ©es nationales de lâĂtat dans le but de tirer un profit salarial de la situation de conflit du pays ».
Ce sont ces acteurs hors norme qui, à partir de lâautomne 1960, dĂ©ferlent sur le jeune Ătat indĂ©pendant du Congo et qui vont longtemps faire parler dâeux dans ce pays en proie Ă la violence. Le Congo devient ainsi une plaque tournante du mercenariat en Afrique et, bien plus encore, un cas typique du phĂ©nomĂšne en Afrique francophone.
Plusieurs facteurs sont Ă la base de lâimplantation mercenaire au Congo. Ce sont les facteurs endogĂšnes (I) et exogĂšnes (II) qui participent de lâexplication de lâexpansion mercenaire au Congo.
TrĂšs bel article qui fait une lumiĂšre exhaustive sur un phĂ©nomĂšne qui dĂ©truit l’Afrique au seuls bĂ©nĂ©fices de ses commanditaire.
FĂ©licitations et encouragements Ă l’auteure.
Prince Netton