Nous, le Peuple ! Relecture du rôle du peuple dans les mutations constitutionnelles récentes en Afrique

Kpri Kobenan Kra | Juriste.

INTRODUCTION
Au moment où nous entamons la rédaction de cette note, un tableau du drame démocratique africain est en train de se jouer en RDC. Il met en scène un régime politique en fin de mandat, qui, pour répondre à l’appel du « Peuple », veut par tous les moyens, se maintenir au pouvoir, d’une part, et d’autre part, « le Peuple », qui s’y oppose, en prenant la rue.

Les images du peuple qui s’oppose au peuple et au nom du peuple, à travers les printemps arabes et autres convulsions politiques récentes en Afrique subsaharienne, ont remis sous les feux de rampe, la place centrale qu’il occupe dans les changements politiques. Elles obligent aussi à remettre dans l’espace du débat scientifique la problématique de la définition du peuple. De quel peuple parle-t-on ? Qui est ce peuple descendu dans les rues, campant sur les places, affrontant les forces de l’ordre, scandant des slogans généralement contre,mais parfois pour, certains dirigeants?

Tel un serpent de mer, le peuple est un concept ambigu, fuyant, voire insaisissable. Et malgré le nombre et la qualité des travaux relatifs à cette notion, aucune définition unanime n’est admise à son sujet. Inexistant dans le vocabulaire du droit international, il est, quasi-unanimement, intégré à l’Etat-nation en droit constitutionnel, depuis la révolution française théorisée par l’Abbé Sieyès. Complexe, la notion de peuple intègre unité et diversité : Elle revêt différents sens. En effet, le peuple dont nous parlons, ici, ce n’est ni le peuple ethnique (ethnos) ni le peuple social discriminant (plebs, vulgus, turba, laos) mais le peuple comme concept politique englobant (populos, le demos).

Héritiers de la tradition constitutionnelle française, les Etats africains francophones intégreront ce passif dans leur vie politique et institutionnelle. Au surplus, la nécessité de la construction d’une Nation sur les traces des Etats artificiels laissés par le colon, conduira à faire de la notion de « peuple », une simple formule incantatoire . Ainsi, quoi qu’immensément présent, le peuple, demeure, aussi paradoxal que cela puisse être, « introuvable » . Et pourtant, que n’a-t-on pas dit et fait « au nom du peuple»!

L’objet de cet article, est sans aucune prétention, d’apporter un éclairage nouveau sur l’identité du peuple sous le prisme de son déploiement dans l’action politique en Afrique.

 

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