Société civile, jeunesse, politisation & compétition politique en Côte d’Ivoire

Par Jean-Marc Segoun

RÉSUMÉ:
La société civile est un Terme qui sert à désigner des mouvements de revendication présents dans les sociétés modernes. Le concept de société civile s’oppose à – ou se distingue de- celui de société politique ou système politique. Cet article analyse le caractère ambivalent de certaines organisations de la société civile ivoirienne comme des espaces de recrutement politique tout en analysant les jeux de pouvoirs entre acteurs politiques.

INTRODUCTION:

La société civile est un Terme qui sert à désigner des mouvements de revendication présents dans les sociétés modernes. Le concept de société civile s’oppose à – ou se distingue de- celui de société politique ou système politique. Cet article analyse le caractère ambivalent de certaines organisations de la société civile ivoirienne comme des espaces de recrutement politique tout en analysant les jeux de pouvoirs entre acteurs politiques.

Dans un espace géographique comme la Côte d’Ivoire, la guerre civile a été révélatrice de la forte politisation des organisations de la société civile, en l’occurrence, d’organisations de jeunes mobilisées dans les jeux de concurrence et de lutte de pouvoir.

Ainsi, d’un espace géographique à un autre, la société civile peut jouer des rôles différents. Ce concept est donc polysémique du fait qu’il change de connotation d’une contrée à un autre. Elle est une réalité sociale et reste indissociable des faits socio-politiques, du fait des positionnements stratégiques des acteurs impliqués. Nonna Mayer partage cette thèse sur la politisation en milieu associatif (Mayer : 2003). Pour cette dernière, que l’on soit membre ou pas d’une association, la politisation a des effets selon des degrés et certains indicateurs influencent cette politisation à savoir : le niveau de connaissance de la politique, l’intérêt déclaré pour la politique et la capacité à se repérer dans le champ politique. Le processus de politisation est tributaire de la trajectoire sociale de l’acteur en situation.

Le concept de la politisation reste polysémique et les auteurs l’abordent de diverses façons. Pour Jacques Lagroye, la politisation est un « processus de requalification des activités sociales les plus diverses, requalification qui résulte d’un accord pratique entre des agents sociaux enclins, pour de multiples raisons, à transgresser ou à remettre en cause la différenciation des espaces d’activité » (Hamidi : 2003).

Certains sociologues écartent toutes définitions de la politique et de la politisation, c’est le cas de Nina Eliasoph qui préfère le terme de « discours animé » par l’esprit public, un discours qui met en jeu l’intérêt général. En se rapprochant de la pensée bourdieusienne, Daniel Gaxie pense qu’il existe des mécanismes préétablis qui produisent des individus et définissent leurs relations. Ainsi, leurs modes d’appréhension du politique varient en fonction de leurs trajectoires sociales (Gaxie : 2005).

En Côte d’Ivoire, certaines organisations, normalement apolitiques avant la crise, se sont politisées à outrance. Ces organisations de jeunes apparaissent comme des espaces de fabrication du politique. Cette imbrication entre la société civile et la sphère politique n’est pas propre à la Côte d’Ivoire, les expériences des sociétés civiles d’autres pays de l’Afrique de l’ouest, témoignent de la complexité de ce concept.

Ainsi, il nous semble légitime de nous interroger sur les facteurs explicatifs de la forte politisation des mouvements associatifs de jeunes en Côte d’Ivoire, la trajectoire sociale des membres, et en quoi l’intensité concurrentielle entre les acteurs permets de diagnostiquer la crise ivoirienne ? Cette réflexion s’est construite sur deux mouvements. L’un identifie les déterminismes liés à l’engagement des jeunes, l’autre ouvre le champ de la réflexion sur la fragilité de l’État comme cause de sa décadence.

 

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