Severin Yao Kouamé est docteur en sociologie, enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara (UAO) à Bouaké, en Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, Severin Yao Kouamé est le fondateur et coordinateur d’Indigo Côte d’Ivoire, l’équipe locale d’Interpeace.
Voir la deuxième partie de l’interview.
Quelques verbatims extraits de l’entretien.Sur les besoins des jeunes en Côte d’Ivoire et au Mali
Beaucoup de jeunes sont en quête de socialisation, en quête de lien social, de reconnaissance et de valorisation. C’est la raison pour laquelle, en termes de réponses, on ne doit plus regarder l’offre ou la réponse à apporter en termes d’offres d’opportunités d’emplois mais plutôt d’offres de capacités à la société de façon que cette dernière puisse mieux intégrer et mieux socialiser ces jeunes.
Sur les écoles confessionnelles
Les écoles confessionnelles et notamment les écoles coraniques, sont dans certains cas, une expérience positive pour les jeunes dans le sens où ces instances réussissent à créer une relation de proximité entre le maître et l’enfant. Parce que beaucoup de ces écoles construisent dans la relation pédagogique une relation de proximité qui valorise le jeune, plutôt que de le considérer comme un simple réceptacle de connaissances. Le maître crée une relation qui va au delà du cadre de l’école de sorte que le maître est aussi bien maître au sein de l’école mais aussi en dehors où il est un modèle d’exemplarité.
Sur la nécessité de travailler sur l’estime de soi
Travailler sur l’estime de soi, c’est comprendre qu’au delà d’une opportunité économique que peut représenter un emploi, il y a du lien social à générer. Comment le travail peut permettre au jeune de se réaliser socialement ? Parce qu’il faut que le jeune se sente valorisé dans sa société, qu’il soit inséré dans sa société. Parce qu’on peut avoir des activités économiques mais considérer que ces activités ne sont pas valorisantes. […] Oui générer des politiques d’emploi, c’est bon. Oui, travailler à assurer aux jeunes des opportunités économiques, c’est bon. Mais il faut aller au delà. Il faut savoir comment nos sociétés adressent l’entrée à l’âge adulte de leurs jeunes.
