Etat développementaliste capitaliste au 21ème siècle et respect des droits humains

Pacifique Hippolyte Luabeya | Doctorant en droit international

INTRODUCTION

Jonhson Chalmers nous renseigne que l’Etat développementaliste capitaliste est fondé sur l’idée que la politique gouvernementale coexiste avec le marché et ne le dirige pas. De la conception de ce type d’Etat, toute intervention axée sur la croissance ne réussira que si :

«  1. Il y a des règles stables édictées par une élite politico-bureaucratique qui peut résister à des revendications politiques qui compromettraient la croissance économique, 2. Il y a la coopération entre les secteurs public et privé supervisée par un organisme de planification stratégique, 3. Il y a l’investissement lourd et continu dans l’éducation pour tous, combiné à des politiques visant à assurer la répartition équitable des richesses, 4. Il y a un gouvernement qui comprend et respecte l’importance des prix déterminés par le marché. »

Une autre caractéristique de ces Etats, c’est le fait qu’il y avait une forte présence de l’autoritarisme.

En effet, les instabilités politiques et la géostratégie de certains Etats est-asiatiques les ont poussés à asseoir un système politique autoritaire malgré le danger du déplacement des objectifs de développement que pouvait représenter un tel système tel que l’exemple Japonais nous l’a si bien démontré dans les années 30 et 40. C’est le cas de la Corée du Sud qui, craignant la présence de son voisin nordiste, a pendant plusieurs années opté pour un système autoritaire en vue de mieux gérer son territoire et son économie. Le Taiwan s’est aussi retrouvé dans la même situation à la différence que, pour lui, c’est la Chine communiste qui était un adversaire qu’il fallait à tout prix redouter.

Ces Etats sont partis du postulat que capitalisme sans autoritarisme ou autoritarisme sans capitalisme conduiraient à l’échec. Par contre, autoritarisme cumulé au capitalisme accouche de la performance économique. Cette conception a favorisé leur désintéressement sur l’aspect respect des droits humains à telle enseigne que les normes relatives au travail des citoyens n’existaient presque pas (inexistence de salaire minimum en Corée par exemple, prohibition de la négociation collective au Taiwan sous la loi martiale et interdiction de grève). Et si elles existaient, elles n’étaient tout de même pas respectées. Seule la conformité à l’ordre hiérarchique peu importe sa nature était admise. Il y était aussi récurrent de constater la brimade des syndicats en violation des droits syndicaux. Il y a enfin le droit de vote qui était difficilement concevable à cette époque car la plupart d’accessions aux pouvoirs se faisait par coups d’Etat (Corée du Sud) ou par la filiation du père au fils (Taiwan).

Si l’instauration de l’autoritarisme ayant contribué à l’irrespect des droits humains a été un moyen adopté dans les anciens Etats développementalistes capitalistes est-asiatiques (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong etc) aux siècles passés pour leur croissance, cette stratégie peut-elle être admise en ce XXIè siècle qui voit la multiplication des pressions internationales sur les gouvernements en faveur du respect des droits humains ? En sus, existe-t-il un lien entre l’Etat développementaliste capitaliste du XXIè siècle et les droits humains ?

En vue de trouver des réponses à ces interrogations, les points ci-après seront analysés :

  • L’autoritarisme gouvernemental vu comme facteur de la croissance des Etats est-asiatiques
  • Le tournant opéré par la forte promotion et protection des droits humains sur les plans international et régional
  • L’Etat développementaliste capitaliste du XXIè siècle assujetti au respect des droits humains

 

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