Par Youssouf Mahamat Youssouf
RÉSUMÉ :
Conscientes des enjeux liés au big data dans l’exploitation de la technologie de l’Intelligence Artificielle, les grandes entreprises « plateformisées » (GAFAM) se sont lancées à des vastes conquêtes. Ayant déjà conquis l’Europe, les GAFAM s’intéressent désormais à l’Afrique en y multipliant leur présence. Cette note de recherche tente d’analyser le véritable ‘’mobile’’ de cet intérêt soudain pour le continent africain. Il se veut volontairement alarmant pour permettre aux États africains de prendre conscience, d’une part, des avantages liés à l’utilisation de l’IA ; et, d’autre part, des éventuelles menaces que celle-ci pourrait engendrer, lorsqu’elle est promue par des grandes entreprises capitalistes comme les GAFAM.
CONTEXTE :
Cette note s’inscrit dans un contexte international marqué par l’émergence des grandes plateformes numériques désignées sous l’acronyme de GAFAM et qui, chacun dans son domaine et dans une dynamique oligopolistique, dominent le marché du numérique. S’appuyant sur les énormes quantités de données (big data) dont elles disposent, ces plateformes utilisent la technologie de l’intelligence artificielle pour proposer des services divers et adaptés à travers le monde. Elles investissent ainsi tous les secteurs, partout où elles se déploient, allant jusque franchir le périmètre de certains services publics régaliens des États. Surtout lorsque ces services sont insuffisants et défaillants comme c’est le cas pour la plupart des États africains subsahariens. Cette invasion pose d’énormes problèmes pour ces États mais aussi pour tous les États qui n’ont pas pu développer des plateformes ayant la taille de GAFAM pour les concurrencer.
IDÉES MAJEURES :
– L’Afrique fait l’objet de convoitise des GAFAM parce que sa forte démographie fait d’elle un champ fertile pour le développement de l’IA.
– La présence des GAFAM en Afrique, lorsqu’elle n’est pas encadrée et contrecarrée dans une certaine mesure, pourrait constituer une menace pour les services publics africains.
– Pour lutter contre la domination des GAFAM, les États africains doivent eux-aussi promouvoir l’utilisation de l’IA, car elle leurs permet de moderniser leurs services publics et de préserver leur souveraineté numérique.
– Pour un développement efficace et rationnel de l’intelligence artificielle, les États Africains doivent relever les défis juridiques, socioculturels, institutionnels et sécuritaires sous-jacents.
PROBLÉMATIQUE :
Ces géants du numérique ne viennent-ils pas pour dépouiller le continent africain de ses richesses immatérielles – les données ? Aussi, eu égard à ce que le continent européen est en train de vivre avec les GAFAM, quel serait le sort du continent Africain où les États sont plus faibles et les services publics plus fragiles que ceux européens ? La présence de ces plateformes étrangères ne risquerait-elle pas de menacer l’existence même de ces services publics ? Dans l’affirmative, quelles pourraient être les dispositions à prendre par les États africains pour faire face à ces menaces ?