Le dernier refuge : géopolitique de la déforestation en Afrique centrale

Par Symphorien Ongolo

RÉSUMÉ:
Le débat sur la ‘bonne gouvernance’ des forêts tropicales semble incontestablement glisser vers la question du ‘bon gouvernement’ de la déforestation dans les pays tropicaux en général et en Afrique en particulier. Dans le premier cas, la doctrine de la bonne gouvernance s’est construite sur l’idée que la marginalisation de l’Etat permettrait une redistribution des pouvoirs à une constellation d’acteurs capables d’instaurer une gestion durable des forêts qui soit plus vertueuse que celle opérée sous l’hégémonie étatique. Dans le second cas, l’Etat central étant toujours le détenteur légal quasi exclusif des terres forestières en Afrique, sa bureaucratie et ses élites sont capables de recourir à diverses stratégies -dont la ruse- pour imposer subtilement leurs préférences en faveur de l’exploitation des ressources naturelles des sols et sous-sols forestiers. Il est dès lors impératif que les gouvernants les plus éclairés et les mouvements citoyens impulsent une dynamique positive permettant de mieux gouverner la déforestation, en particulier dans les régions comme l’Afrique centrale qui abrite les derniers refuges de forêts primaires peu perturbées d’Afrique.

PROBLÉMATIQUE:
Le questionnement sous-jacent de cette Note d’analyse vise à comprendre : comment une région, comme l’Afrique centrale, peut basculer d’un statut de zone à fort potentiel forestier préservé à un statut de zone cible de conversion à intense activité de déforestation d’une part ; et d’explorer quelles sont les pistes pour mieux gouverner un tel basculement d’autre part.

CONTEXTE DE LA NOTE:
Cette Note d’Analyse s’inscrit dans le débat relatif au contraste entre l’espoir d’une conservation des forêts africaines pour la satisfaction des intérêts globaux (atténuation au changement climatique et protection de la biodiversité), et la réalité de leurs conversions accélérées à d’autres usages autant pour des intérêts économiques que pour la subsistance.

IDÉES MAJEURES:
– Malgré la perte apparente d’hégémonie de l’Etat en Afrique, l’avenir des ressources naturelles des sols et sous-sols forestiers dépend principalement de la qualité de l’action publique des gouvernants et de la capacité des gouvernés à exiger une meilleure administration des biens et patrimoines de la nation.
– Il est impératif de prendre acte du boom de conversion des terres forestières à d’autres usages qui va s’accélérer en Afrique dans les prochaines années, afin de mieux maîtriser le rythme de déforestation et les conséquences sociales et écologiques qui vont s’en suivre.

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