Séminaire de formation des jeunes ambassadeurs Médiation-paix et sécurité au Sahel du 22 au 26 août 2022 au Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL) à Niamey au Niger

1.  Contexte

Le Sahel est un espace de transition entre l’Atlantique et la Mer rouge. Il relie le continent africain entre sa partie septentrionale et le sud du Sahara. Cet espace de jonction, entre un Maghreb traversé par des ondes de choc depuis les « printemps arabes », et une Afrique subsaharienne, qui compte plusieurs États en crise, connaît une insécurité persistante depuis l’intervention militaire de 2011 en Lybie sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette guerre et ses conséquences directes au Mali (avec l’occupation du Nord par le Mouvement National de Libération de l’Azawad, surclassé ensuite par les groupes terroristes), ont replacé le Sahel au centre d’intérêts géopolitiques et stratégiques.

A ces problématiques qui se sont complexifiées et étendues à toute la région, s’ajoutent des crises multiformes, liées aux migrations clandestines à grande échelle, aux conflits intercommunautaires, au grand banditisme et aux crimes transfrontaliers. Toutes ces évolutions interviennent dans un contexte de bouleversements écologiques, de pauvreté, d’insécurité alimentaire, de désœuvrement de la jeunesse, de crise sanitaire et politiques (coup d’état militaire), de lutte pour l’accès aux ressources naturelles et contre les groupes extrémistes connectés au terrorisme international.

Cette situation qui menace la stabilité de l’ensemble des États sahéliens, a entrainé un engagement sans précédent d’une grande variété d’acteurs institutionnels multilatéraux (Minusma), régionaux (Force conjointe du G5 Sahel) et de forces militaires étrangères (Forces françaises, Africom, Task Force Takuba). Malgré une impressionnante présence de troupes, l’extension des zones d’opération des groupes armés terroristes (GAT) a amené plusieurs instituts indépendants à inscrire le Sahel sur la liste « des tensions géopolitiques à surveiller en 2021 ». Pour soutenir cet engagement international, en impliquant davantage les acteurs locaux comme les femmes et les jeunes, l’Observatoire du Sahel de Thinking Africa propose de former 15 jeunes ambassadeurs de paix à la médiation et au leadership dans le cadre d’un séminaire qui se tiendra du 22 au 26 août 2022 au Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL) à Niamey au Niger.

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2.  A propos de Thinking Africa

Thinking Africa est un think tank africain non partisan qui offre aux chercheurs, aux institutions, aux gouvernements, aux sociétés civiles et aux organisations une nouvelle approche pour étudier et considérer la paix transversale en Afrique. C’est un réseau d’universitaires, de chercheurs, d’experts, de personnes qui s’intéressent à l’Afrique pour offrir de nouvelles perspectives sur les questions relatives à la paix.

En tant que groupe de réflexion indépendant, nous formulons des recommandations appuyées sur des faits et des recherches rigoureuses, à l’adresse des gouvernements africains, de l’Union africaine, des organisations internationales, des analystes, des professionnels, des décideurs et des médias. Nous publions des notes sous divers formats (sur papier et en ligne), et diffusons sur une web TV des entretiens, centrés sur les enjeux africains, avec des intellectuels et des experts influents.

Dans le contexte africain, la paix, perçue comme l’absence de guerre est une question centrale pour le devenir du continent. La paix transversale, elle, va au-delà du concept novateur de paix négative et positive de Johan Galtung, pour introduire une nouvelle approche holistique et dynamique de la paix. Il s’agit de comprendre et d’inscrire la guerre et la paix dans un continuum et de promouvoir la coexistence entre les communautés concernées.

Par conséquent, grâce à l’étude de la paix transversale, le discours ne se développe plus à partir de l’analyse traditionnelle de la guerre et de la paix, mais à partir du tissu social des communautés dans un contexte donné. De plus, bien que de nombreuses études portant sur la violence et les conflits en Afrique aient été réalisées, très peu sont consacrées à la construction d‘une paix durable sur le continent. De ce fait, Thinking Africa vise à combler ce vide à travers des publications et des activités de recherches et de formations.

Basé à Dakar (Sénégal), le think tank Thinking Africa cherche à approfondir la compréhension de la paix transversale, à promouvoir de nouvelles voix capables de faire avancer la recherche indépendante sur et sur les questions relatives à la paix, la stabilité socio-politique et le développement en Afrique. Ces nouvelles voix, qui sont multinationales, multidisciplinaires et multiculturelles, sont fondamentalement liées par une passion pour l’Afrique et dévouées à repenser la paix en Afrique.

Vision

Contribuer à la construction d’un continent où les conflits meurtriers sont mieux compris, résolus, et empêchés par les décideurs aux niveaux continental, régional et local, permettant aux populations civiles dans les pays touchés de bénéficier de la paix, d’une sécurité et d’un développement à même de sortir le continent de sa situation actuelle. Nous pensons que produire des idées nouvelles, les communiquer et organiser un plaidoyer pour qu’elles soient mises en œuvre peut contribuer à notre vision panafricaine d’un continent pacifié et développé.

Mission

Thinking Africa a été créé dans le but de produire du savoir sur la paix transversale sur le continent africain et de le diffuser. Par conséquent, l’objectif demeure d’élargir et d’approfondir les connaissances et la compréhension du continent africain en faisant entendre de nouvelles voix, en offrant une visibilité aux analyses innovantes et non-partisanes sur des enjeux globaux africains,  et en influençant les décisions des décideurs et des autres acteurs clés du continent.

3. Sahel, entre transition et violence

En ce début de XXIème siècle, les États du Sahel sont confrontés à de profondes crises endogènes et exogènes. Les rébellions touarègues, la guerre en Libye, les activités des GAT et les coups d’état militaires ont placé les pays de la zone sous les feux de l’actualité, dans un contexte de crises sécuritaires, sociales et économiques (plus de 40% des habitants du Sahel vivent sous le seuil de pauvreté). Ainsi, ces pays connaissent des trajectoires politiques instables liés au déficit de gouvernance démocratique, à la croissance démographique, à la faiblesse des institutions étatiques et à la difficulté du contrôle des vastes étendues territoriales (avec une superficie de 5090 725 km² pour 24 982km de frontières pour les pays du G5 Sahel). Dès lors, leurs frontières sont peu contrôlées et l’espace sahélien est traversé par des routes de trafics internationaux. Face à ces tensions sociétales, la plupart des pays sahéliens, qualifiés d’« États fragiles », peinent à répondre aux multiples crises humanitaires, alimentaires, climatiques, sécuritaires et socio-politiques actuelles.

Cependant, l’année 2022 constitue une année charnière pour la paix à l’échelle mondiale et africaine. En Effet, 2022 est marquée par une situation d’instabilité politique avec des changements inconstitutionnels à la tête de plusieurs Etats, ce qui fragilise le fonctionnement des organisations sous-régionales comme la Communauté Economiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et plus récemment le G5 Sahel avec le retrait du Mali. Ces évolutions interviennent dans un contexte de fortes tensions mondiales et de reconfigurations des forces internationales au Sahel avec la fin des opérations militaires Barkhane et Takuba, de l’approche de l’échéance du mandat annuel de la Minusma et surtout de l’expansion de l’extrémisme violent vers le Sud avec des attaques terroristes dans plusieurs pays du Golfe de Guinée comme la Côte d’Ivoire, le Togo ou le Benin.

A cette occasion 2022 s’inscrit dans une volonté de stabilisation de cette région et nous souhaitons inscrire ce séminaire sous le signe de la paix en générale et tout particulièrement au Sahel. C’est pourquoi, Thinking Africa organise cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre d’enseignements des jeunes de cette région aux techniques de paix, médiation et résolution des conflits.

4. Objectifs du cours

Thinking Africa met en œuvre une nouvelle approche de formation innovante, pour offrir l’accès à son programme de formation à un vaste auditoire à travers le continent et le monde. Ce séminaire est destiné à des jeunes ambassadeurs de la paix déjà engagés dans des programmes de paix dans la région. Thinking Africa va recevoir 15 jeunes pendant une (1) semaine (5 jours effectifs) pour les former à la médiation, au leadership, et à la construction de la paix et de la sécurité au Sahel.

Ce séminaire sera porté par l’Observatoire du Sahel Thinking Africa, il est prévu en août 2022.

Thinking Africa a conçu des nombreux modules dans le domaine de la  médiation, du leadership et de la construction de la paix et de la sécurité.  Le cours est exécuté sous la forme d’un stage multiculturel, offrant les bases en matière de leadership, de médiation, de paix et de sécurité, tant au niveau conceptuel qu’opérationnel. Il tient compte des trois niveaux (Track I, II et III[1]) des processus de médiation. Il s’adresse à un public large, composés de civils impliqués dans des projets de paix à différents niveaux. Il s’adresse aux cibles suivantes:

  • Les jeunes impliqués dans des médiations communautaires ou nationales;
  • les représentants des parties aux conflits au niveau régional ou national;
  • le personnel féminin des associations féminines impliquées dans les processus de paix, de stabilité et de démocratie dans la région.

Son contenu est orienté sur la connaissance empirique et le développement des compétences en médiation, en priorité sur le Track II et III, mais en abordant aussi les concepts et les compétences aux autres niveaux de la médiation.

5. Résultats attendus

Sur le plan opérationnel, au terme de ce séminaire, les participants devront être capables de préparer et de mettre en place une médiation, un programme de construction de paix. Plus précisément, ils devront être capables de :

  • Définir des règles d’opérations, inventer des solutions, procéder à leur évaluation en vue d’assurer une meilleure construction de la paix dans leur communauté et leur pays;
  • Mettre en place un calendrier à même de prévenir toutes formes de tension avant, pendant et après les conflits;
  • Maîtriser des outils de communication afin d’être capable de former d’autres jeunes et pour imaginer des campagnes de pacification.

6. Méthodologie

La méthode de formation sera hautement interactive et inclura les expériences des participants comme point de départ.

Courtes discussions plénières / échanges :

Ils seront utilisés pour stimuler les échanges entre les participants. Dès l’introduction d’un sujet, les participants seront invités à prendre en compte leur propre expérience du sujet à l’examen lors de la discussion.

Études de cas :

Des études de cas impliquant des cas réels seront utilisées. Ils seront d’abord étudiés en groupes, puis au cours de la plénière, les messages clés seront exposés.

Des jeux de rôle, des jeux de simulation (de négociations notamment) seront conçus pour permettre aux participants de tester leurs nouvelles connaissances dans un contexte plus pratique.

7. Programme de formation

Jour Matin Après midi
1

 

Introduction au Contexte : Sahel, espace en transition entre violence et démocratie.

 

Architecture Paix et Sécurité ONU-UA-CEAC

« Faire taire les armes en Afrique » et ICAN : la Campagne Internationale pour abolir les armes nucléaires.

2

 

Introduction à l’analyse  des conflits :  organisation et gestion des préparations des Dialogues politiques/médiations. Introduction à la négociation raisonnée

Genre, négociation multilatérale et paix en Afrique

3 Concepts clefs du leadership et étapes de la médiation de paix.

Simulation : La Guerre civile au Gondwana : une médiation multilatérale

Elaboration d’un processus de médiation.

Typologie et rédaction des accords de paix en Afrique et suivi de la mise en œuvre.

Eléments de réussites d’un accord de paix.

4 Réseaux sociaux et média des haines

Communiquer dans les médiations et communication non violente.

Réforme du Secteur de la Sécurité et paix en Afrique de l’Ouest.

Comment utiliser le guide du médiateur.

5 Grande simulation

Cérémonie de clôture

Visite de l’Assemblée Nationale de la République du Niger et de La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP).

 

8.  Calendrier

  • La Campagne de mobilisation des financements aura lieu en mai 2022.
  • Le choix des candidats et les inscriptions se feront en mai-juin 2022.
  • Le séminaire est prévu du 22 au 26 août 2022 au Lasdel à Niamey (Niger).

9. Profils des participants et pré-réquis

Résidant au Niger, les 15 jeunes ambassadeurs qui participeront au séminaire de formations en leadership-médiation-paix et sécurité proviendront de pays sahéliens : Mauritanie (2), Mali (2), Tchad (2), Burkina Faso (2) et Niger (7).

Les participants au séminaire devront :

  • Prouver leur intérêt et une activité professionnelle en faveur de la résolution des conflits ;
  • Avoir participé au moins à une médiation communautaire ou politique ;
  • Etre membre d’une organisation de la société civile / expert indépendant pour une institution / jeune actif dans la résolution des conflits et la construction de la paix ;
  • Etre détenteur d’un master ou diplôme équivalent, ou bien cinq ans d’expérience dans le domaine, de la résolution des conflits ;
  • Posséder une maîtrise suffisante de la langue française/anglaise pour une participation active au séminaire.

Lecture d’au moins un article de médiation mentionné ci-dessous ou de votre choix à mentionner dans votre dossier de candidature ainsi que du syllabus qui sera communiqué :

Patrick Quantin, « Omar Bongo, médiateur des conflits africain », in Jacques Paget (Dir.), Médiation et action publique : la dynamique du fluide, presses universitaire de Bordeaux, Pessac, Bordeaux, 2005, 271 pages

William ZARTMAN, « Transférer le conflit d’un niveau militaire a un niveau politique », Revue de Négociation, 2004/2 (no 2).

 

Pour aller plus loin

Livres

Elikia M’BOKOLO, Médiations africaines : Omar Bongo et les défis diplomatiques d’un continent,  2009, l’Archipel

Aurélien Colson, Alain Pekar Lempereur, Jacques Salzer, Méthode de médiation, Au cœur de la conciliation, Dunod, 2018

Filmographie

Invictus, 2009, Clint Eastwood

Cuba, une odyssée africaine,  Jian El Tahri 2007, 2X90,

The Peacekeepers, Paul Cowan, 2005, 83 min 07 s, 13 Production.

12 Angry Men, Sidney Lumet, 1957

Endgame, Peter Travis, 2010

The Great Debaters, Denzel Washington 2007

Our Friends at the World Bank, Peter Chappell 1998.

 

10. Partenaires locaux

– Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (Lasdel).

– Assemblée Nationale de la République du Niger.

  • La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP).
  • Le Centre National d’Etudes Stratégiques et de Sécurité(CNESS).

[1] Track I fait référence à un processus qui engage le leadership des parties du conflit au plus haut niveau directement. Track II fait référence à un processus entre des leaders d’opinion ou des groupes d’intérêt importants dans un conflit, mais sans représentants officiels ; et track III fait référence à des processus qui engagent les acteurs «  grassroots ».

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