Eléments pour une éthique africaine des établissements humains

Par Eyumane Baoulé Assengone

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Alors que le reste du monde regarde l’Afrique comme le continent de l’avenir, l’Afrique quant à elle ne doit plus se maintenir au service de la prospérité des autres. Elle doit formuler sa propre vision du progrès et démanteler le système qui empêche l’élaboration endogène de projets de sociétés, à la hauteur des défis d’une humanité vivant à l’ère de l’anthropocène.

Avec une transition urbaine d’une rapidité sans précédent (62% des africains vivront dans des villes d’ici 2050), les pays africains doivent répondre à la nécessité impérieuse de repenser les principes et les modalités de production et de gestion de leurs territoires, afin d’inverser le schéma d’urbanisation actuel et favoriser un développement social et économique plus harmonieux. Ainsi, les Etats membres de l’Union Africaine ont redéfinis une vision et un plan d’action à mettre en œuvre, pour parvenir à une Afrique unie, prospère et pacifique d’ici 2063. Des instruments et des dispositifs ont été conçus pour accompagner ce processus, et chaque pays dispose d’un plan stratégique pour contribuer par son propre développement, au développement inclusif du continent.

L’application de ces planifications stratégiques nationales, est facilitée par des dispositifs réglementaires et opérationnels, à destination d’une vision politique du futur et d’un projet de société. Or, en matière de développement, énoncer une vision ne permet pas à tout le monde de s’y projeter et ne suffit pas toujours à démontrer une ambition nationale. Il faut donc la matérialiser dans le temps présent, la rendre tangible pour les populations locales et les partenaires internationaux.

C’est tout le sens que revêt l’instrumentalisation de l’espace territorial, à travers l’érection de projets emblématiques comme les villes nouvelles. Ainsi, depuis les années 2000, nombreux sont les pays africains qui se sont lancés dans la construction de villes nouvelles ou des smart cities, symboles d’une Afrique moderne, attractive et à la pointe des nouvelles technologies. Mais au vu du bilan mitigé de ces projets quant à leur capacité à répondre aux enjeux spécifiques des territoires, aux besoins essentiels des populations africaines et aux défis de l’humanité, il est nécessaire d’interroger la généalogie de la vision qui les oriente et la pertinence des modèles qui les font naître.

Puisque l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui ne parvient toujours pas à relever les défis du développement – bien qu’elle ait fait sienne la vision occidentale du progrès et en dépit des efforts fournis dans la reproduction des modèles et des outils qui y sont attachés – une Afrique nouvelle ne saurait s’inventer en se maintenant inscrite dans cette matrice inopérante. Une rupture doit être réalisée et elle oblige la société civile et les décideurs à faire preuve de responsabilité créatrice, afin de répondre aux défis du monde, par la production d’une éthique africaine des établissements humains.

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Photo: © Jean-Baptiste Joire

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