De la postcolonie d’Achille Mbembe. Recension d’une hypothèse cardinale sur le devenir de l’Afrique

Delphine Abadie  | Chercheure indépendante.

Cette recension s’intéresse à l’ouvrage d’Achille Mbembe De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris : Karthala, 2000 (2004). Elle propose une lecture en deux volets des cinq essais qui constituent l’ouvrage, correspondant grossièrement à deux champs de contributions (économie politique et philosophie politique) qu’ils entendent combler. Cette proposition de lecture est ponctuée d’une critique interne et formelle de cet ouvrage original dont la prémisse principale, novatrice, repose sur l’hypothèse de l’éviction de l’homme noir hors et contre l’univers de signifiants qui instituent l’identité occidentale.

Achille

D’abord paru en 2000, De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine d’Achille Mbembe est un ouvrage dense et étonnant qui ouvre la voie à la perspective d’un programme intellectuel tout aussi fécond. Si cette recension survient tardivement, cet ouvrage fondamental n’en demeure pas moins d’une actualité brûlante, ce qui n’est pas si commun dans l’univers touffu de la publication universitaire.

Après avoir survolé le parcours d’Achille Mbembe, nous nous attarderons à retracer l’influence sur son travail de la théorie politique occidentale et des penseurs de la négritude, principalement Franz Fanon pour cet ouvrage. Nous nous attacherons ensuite à situer les débats disciplinaires au cœur desquels De la postcolonie intervient. L’adoption d’une méthodologie clinique, ancrée dans l’expérience effective du sujet colonial et critique de la catégorie transcendantale du « Noir » tel que léguée par l’historiographie, sera ensuite détaillée.

De la postcolonie repose sur une prémisse forte, celle de la conception du Noir et de son environnement comme signifiants contre lesquels s’est défini et continue de se définir l’Occident : cette interprétation du Noir comme Autre absolu, hérité des justifications discursives de l’esclavage et de la colonisation, demeurerait profondément ancrée dans la culture et les imaginaires contemporains.  Après avoir défini la notion de « postcolonie » et la visée de l’ouvrage, nous en proposerons une lecture en deux parties, couplées d’une critique.  Une première partie traitera de l’économie politique du continent en abordant le « Commandement » et la Souveraineté en postcolonie (1 et 2). Une seconde partie, plus philosophique, explorera la relation dialectique qu’entretiennent le sujet (post)colonial et l’institution du pouvoir, une relation bidirectionnelle à l’origine de la vigueur du Commandement (3, 4 et  5).

 

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